50 (ou 51) albums 2023 avec un lien pour écouter une piste

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  • MIKE – Burning Desire – « plz don’t cut my wings »
  • CZARFACE – Czartificial Intelligence – « You Know My Style »
  • Sonnyjim & Lee Scott – Ortolan & Armagnac – « Tommy Lee Scott »
  • Tha God Fahim & Oh No The Disrup – Berserko – « Tha Coldest »
  • Chester Watson – fish don’t climb trees – « eyes closed »
  • Declaime & Theory Hazit – Rocketman – « Shipwrecked »
  • M a r r o w – Hail Telemetry – « Auto Dial »
  • Nosaj from New Kingdom & steel tipped dove – House Of Disorder – « I’m The Magic Band and The Captain »
  • Rome Streetz & Big Ghost Ltd – Wasn’t Built In A Day – « Pz n Qz »
  • Tha God Fahim – Iron Bull – « Let’s Make a Deal »
  • Conway the Machine & Wun Two – Palermo – « Gaspare »
  • Talib Kweli & Madlib – Liberation 2 – « Air Quotes »
  • Armand Hammer – We Buy Diabetic Test Strips – « Y’all Can’t Stand Right Here »
  • Kyo Itachi & Pruven – Raw Balance – « Devotional Razors »
  • Estee Nack – Nacksaw Jim Duggan – « MASSMONEYWIRES »
  • Cyrus Malachi – The Feather Of Tehuti – « Comanche »
  • Homeboy Sandman – I Can’t Sell These Either – « HUMAN »
  • G’s Us – WHAT THEM DOGS DON’T KNOW THEY KNOW – « UNIVERSE »
  • King Kashmere & Alecs Delarge – The Album To End All Alien Abductions – « Angel Strike »
  • McKinley Dixon – Beloved! Paradise! Jazz​!​? – « Mezzanine Tippin’ »
  • Al.Divino & MichaelAngelo – Wile Coyote – « MYSTERYBOX »
  • Tha God Fahim – Tha Supreme Hoarder Of All Pristine Wealth – « Lone Warrior »
  • Day Tripper – What A Time To Be DEAD – « OMW »
  • Fatboi Sharif & Bigg Jus – Insomniac Missile Launcher – « God »
  • Buck 65 & doseone & Jel – North American Adonis – « Men »
  • SKECH185 & Jeff Markey – He Left Nothing For The Swim Back – « Western Automatic Music Part 1 »
  • ICECOLDBISHOP – GENERATIONAL CURSE – « CANDLELIGHT »
  • babelfishh & reindeer – no man’s gospel – « rusted silos »
  • KING VISION ULTRA – SHOOK WORLD (hosted by Algiers) – « Stand On It_LITE WORK »
  • Spectacular Diagnostics – RAW LESSONS – « Whispers In The Dark »
  • JPEGMAFIA & Danny Brown – SCARING THE HOES – « God Loves You »
  • billy woods & Kenny Segal – Maps – « Soft Landing »
  • Aesop Rock – Integrated Tech Solutions – « Mindful Solutionism »
  • Guilty Simpson & Uncommon Nasa – Escalation – « Smoker’s Guilt »
  • YUNGMORPHEUS & Real Bad Man – The Chalice & The Blade – « Youngblood Priest »
  • 7RINTH – DRAWING MONSTERZ – « FLOATING GLOVES »
  • Blockhead – The Aux – « Give Thanks »
  • Earl Sweatshirt & The Alchemist – Voir Dire – « Sentry »
  • Danny Brown – Quaranta – « Celibate »
  • Kool Keith & Real Bad Man – Serpent – « Rugged Rugged »
  • El Michels Affair & Black Thought – Glorious Game – « Alter Ego »
  • AJ Suede & Televangel – Parthian Shots – « PBS Kids »
  • Fatboi Sharif & Steel Tipped Dove – Decay – « Think Pieces »
  • YUNGMORPHEUS – From Whence It Came – « Fiya Haffi Bun »
  • Navy Blue & Budgie – Ways Of Knowing – « Window to the Soul »
  • Westside Gunn – And Then You Pray For Me – « KITCHEN LIGHTS »
  • Tha God Fahim & NicoJP – Chess moves – « First Move »
  • Open Mike Eagle – another triumph of ghetto engineering – « WFLD 32 »
  • The Difference Machine – Alien Nation and the Black Adolescent – « His Country »
  • Mach-Hommy – Notorious Dump Legends volume 2 – « Olajuwon »
  • JOELL ORTIZ & L’ORANGE – Signature – « OG »

Menu de la semaine #6

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Toutes les semaines, un choix de 5 soupes toutes plus appétissantes les unes que les autres pour garder la forme sans sacrifier l’équilibre !

Gruel : Dizraeli & DownLowThe Leroy Merlin Mixtape

Dynamite ! L’excellent emcee Dizraeli délaisse les Small Gods pour  DownLow et voilà une The Leroy Merlin Mixtape bien bonnarde en forme de préquel au Leroy Merlin EP à venir le 10 mars ! Ces deux-là se connaissent bien, ils s’étaient déjà croisés sur le très bon Everyone’s A Winner en 2013 (déjà !) et ici, la recette reste la même : du pur bon boom-bap anglais sans prise de tête avec sa dose de folie ! Le flow élastique et bavard de Dizraeli fait du bien à écouter, imaginatif, hyper-actif et même drôle, le gars de Bristol ne refait pas le monde, mais cette mixtape fout la banane ! C’est du hautement qualitatif, ça rappe à l’instinct, ça rappe bien, c’est gavé de références diverses (et même de la chanson française), on bouge bien la tête en se régalant de chaque pistes avec un sourire benêt surtout que les productions de DownLow sont simples et géniales. Si on rajoute à ça les présences de Nathan Feddo, Chango ou Jakaboski, on n’a plus qu’à attendre avec impatience le 10 mars !

 

Souper Spout’

Soupe au poivre : Tenshun & BonzoSplit Mutilation

Âmes sensibles passées votre chemin, oreilles sensibles passées votre chemin ! Tenshun et Bonzo font dans le glitch-hop masochiste avec une ÉNORME dose de noise aux beats ultra-massifs et saturés qui vont bien et une autre ÉNORME dose de drum’n’bass décadent. Gavé de bruits parasites, Split Mutilation est une déflagration sonore à 100 à l’heure, et moi, ça me ravit ! L’affaire vous lavera des oreilles ou vous les détruira, c’est au choix ! Moi, j’ai embarqué avec un plaisir assez malsain dans les circonvolutions occultes des deux beatmakers qui bizarrement vous donneront envie d’y revenir avec une attraction dangereuse !

Souper Spout’

Potage féminin : Lingua Franca – S/T

Découverte sur le Weekend at Brodie’s de Dope KNife (dont nous parlions un peu là), la rappeuse d’Athens lâche maintenant un premier vrai album solo et le résultat est gagnant ! On est directement hypnotisé par sa voix et son flow plein de confiance, de technique et de complexité verbale, la gonzesse s’est rodé aux battles, ça se sent ! Lingua Franca a un style saccadé frais, charismatique (car parfois chanté), hyper-intéressant et surtout très personnel, et pour ne rien gâcher, cet album éponyme est gavé de beats abstraits discrets mais réussis et surtout d’un esprit boom-bap intelligent et intelligible ! Coup d’essai, coup de chef !

Souper Spout’

Soupe qu’on attendait pas : Nolan The Ninjalo-fi flips.

L’année dernière, Nolan The Ninja avait lâché un He(art) lourdement armé. Le gars maniait le verbe comme si on montait des lunettes de précision sur un bazooka M28, l’emcee de Detroit te visait la tête bien et te l’abîmait bien aussi ! Forcement urbain, on pensait à un Sean Price mixé à la surmultipliée avec un Vinnie Paz dans la fleur de l’age. Ça, c’était l’année dernière, car là, ce même Nolan The Ninja vient de nous fabriquer un bonbon au miel ! Un album fait de remixes et de remodelages de tubes RnB et rap version Golden Age, c’est le grand écart, mais le truc fonctionne admirablement bien avec fraîcheur et invention. lo-fi flips. s’avale tout cru !

Souper Spout’

Potage à la bien comme d’hab’ : Tha God Fahim – Dreams of Medina 2

Le mois dernier, c’était Tha Dark Shogunn Saga Vol. 2 et son coté western samouraï ; cette fois-ci, c’est Dreams of Medina 2 qui va vous régaler ! Les ambiances boom-bap minimales et sobres sont là, mais ici elles sont bien moins sombres qu’à l’accoutumée, et pourtant c’est le gars d’Atlanta qui assure la moitié des productions (avec les excellents Knxwledge et Al Divino). En pièce centrale, on a toujours le flow hargneux et plein de morgue de Tha God Fahim, toujours archi-présent, toujours archi-jouissif !

 

Souper Spout’

Menu de la semaine #5

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Toutes les semaines, un choix de 5 soupes toutes plus appétissantes les unes que les autres pour garder la forme sans sacrifier l’équilibre !

 

Soupe détox : JonwayneRap Album Two

Après une chouette série de cassettes et un Rap Album One que je place très très haut, le Californien avait lâché Jonwayne is Retired, c’était en 2015, tout était dans le titre, mais à l’époque on n’y croyait pas trop, surtout que la mixtape Here You Go (ici et ) suivit la même année… Et pourtant mélangeant alcool et dépression, Jonwayne était au fond du trou, bien sûr sa musique transpirait un peu tout cela, on le sentait névrosé et manquant de confiance en lui, mais jamais je ne l’aurais cru aussi abîmé au point de tout arrêter… Pourtant c’est ce que l’emcee et producteur fit, deux ans pour remonter la pente, deux ans pour se débarrasser de ses addictions et deux ans pour nous pondre ce Rap Album Two aussi cathartique pour lui que passionnant pour nous ! Car oui, Rap Album Two est grand, et même si Jonwayne ne fait toujours pas dans la démonstration, il rôde une présence tout au long de l’album, il y a ce petit supplément d’âme qui fait les petits chefs d’oeuvre. Entre exorcisme, auto-médication et introspection, Jonwayne fait comme d’habitude la part belle au verbe (le sien et à celui de ses potes, Zeroh en tête) et son flow monocorde et précis atteint des sommets qui sans son beatmaking de génie auraient pu paraître abscons. Faites de ruptures et de modulations, les productions du gars (et de Dibia$e), toujours aussi lancinantes et répétitives, pourrait faire penser à un hip-hop d’esthète, oui, mais le minimalisme du Californien fourmille de détails délicats finement travaillés. Jonwayne parait toujours aussi  peu sûr de lui et de son génie, mais il plane finalement un sentiment de liberté retrouvée sur chaque piste comme si l’américain avait enfin accepté qui il est. De l’auto-dégoût à l’acceptation de soi, il y a un chemin tortueux, Rap Album Two en dessine le plan et Jonwayne en ressort grandi, profondément humain et grandi !

Souper Spout’

Potage expérimental : Pacific Yew(((( ..Lamest Days ))))

Attention, OVNI en provenance du Texas via la  Californie et la Hot Record Société ! Comme si la zone 51 s’était délocalisée du coté de Fort Worth, Pacific Yew va vous faire voyager dans des contrées inexplorées pleines de mystère et d’expérimentations hip-hop de très hautes volées ! En apesanteur tout le long de l’album, on traverse ce (((( ..Lamest Days )))) comme un film qu’on regarderait les yeux fermés… On n’est pas à un paradoxe prés, car finalement ici tout s’entremêle, se mélange et bonifie : lo-fi, transe chamanique, acid jazz, mélancolie, vide, douceur, lenteur, bizarrerie, rêverie, errance, flow dépouillé, up-pitché, phrases sonores, comme si Zeroh et Milo s’étaient donnés rendez-vous autour d’un immense Pacific Yew…Même si l’approche obtuse de (((( ..Lamest Days )))) pourra faire peur à certain, c’est assurément une de mes plus passionnantes découvertes de l’année (comme son nom ne l’indique pas) et quand je vois que le gars en est à sa 17éme sortie, j’ai juste le vertige et c’est exactement la sensation que procure cet incroyable album !

Souper Spout’

Soupe de sang : Klive KravenDeath Comes in The Dawn

Hardcore, horrorcore, Vinnie Paz, Non-Phixion, vous l’avez surement compris on ne va pas faire un concours de blagues avec Klive Kraven, et l’artwork en rajoute même une couche si ça ne suffisait pas ! Les ambiances énigmatiques tranchent parfaitement avec le gros flow bien rentre-dedans du gars du Maryland, le boom-bap y est lourd et sanguinolent, les beats sur-gras et les instrumentations minimalistes, horrifiques, obscures et archi-bonnardes… En gros, on n’est pas là pour rigoler, mais la dinguerie est communicative, c’est parfait comme ça , surtout qu’un bon gros coup de hip-hop frontal, ça fait du bien !

Souper Spout’

Soupe en J’y-fous-tout : FBR & IHeartNoisePresent Library Lunch: A Benefit Compilation For AntiBullying

FilthyBroke Recordings, le « petit » label qui n’en finit pas de m’épater ! Après avoir sorti du Nacho Picasso, du V8, du Gajah & Chrono Triggers ou du Cobby & Litten (pour les trucs les plus récents), FBR lâche là un recueil d’inédits où tout n’est pas hip-hop, effectivement, il y aussi à boire et à manger, effectivement, mais tout transpire l’honnêteté puisqu’ici on a à faire à une compilation caritative pour Ditch the Label. Je vous rassure, y’a quand même du beau monde : Hoot, V8 (encore !) et plein de découvertes comme PRFCT Storm, Walter Gross ou Petridisch. Et puis quand on écrit : « Bullies, in myriad forms, are tearing us apart. Music seems to bring people together. Hence, this compilation.« , ça ne peut que me plaire !

Souper Spout’

Omaha soup : VERZEOOZARU

Autre OVNI, autre voyage, mais cette fois-ci, direction le Nebraska ! VERZE entreprend de déconstruire le hip-hop à grands coups de dingueries faites maison entre gros rap et trap d’un coté plutôt sur la première moitié de l’album et d’un autre coté, nerd-rap et trucs plus expérimentaux et pointus. Ça part un peu dans tous les sens, ça sent la jeunesse et la folie et pourtant le gars sait où il va, en témoignent les trois pistes signées par Ichiban Hashface, juste magiques, mention spéciale pour Mail ! A suivre donc de prés, surtout que si VERZE s’éparpille un peu moins, là ça pourrait être très grand !

Souper Spout’

Menu de la semaine #3

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Toutes les semaines, un choix de 5 soupes toutes plus appétissantes les unes que les autres pour garder la forme sans sacrifier l’équilibre ! 

Potage de chef : PruvenReach Surroundings

Comme je l’ai attendu cet album ! Depuis 2012 et l’excellent Stamina of Thought, si je n’ai pas ma dose annuelle de Pruven, y’a un truc qui me manque. Forcément, l’emcee du Connecticut ne s’est jamais foutu de ma gueule, jugez du peu : Wordplay Sensei ou Dark Light Tablets, deux albums monumentaux et donc indispensables ! Autant le dire de suite, Reach Surroundings est du même bois, du hip-hop brut aux ambiances sombres, poétiques ou discrètement luxuriantes à la nuance prés que le résultat sonne bien moins lo-fi qu’à l’accoutumée. Ici, Pruven a vu large niveau production, puisqu’à une ou deux exceptions prés, on a un beatmaker différent par piste et pourtant l’homogénéité est bien au rendez-vous ! Surtout que la magie opère toujours grâce au flow incroyable du gars, un flow martial d’une incroyable maîtrise, east-coast, froid et athlétique. Et pourtant, inexplicablement, Pruven reste toujours dans l’ombre du rap game et galère toujours autant avec ses albums ; alors sautez dessus, ou alors lavez-vous les oreilles, je sais pas, car c’est de l’or en barre qu’on a là !

Souper Spout’

Soupe aux cafards : bedwettervolume 1: flick your tongue against your teeth and describe the present.

Après Shawn Kemp, voilà encore un nouveau blase pour Travis Miller aka Lil Ugly Mane, car c’est bien le mystérieux emcee et producteur texan qui se cache derrière bedwetter et cet album au titre à rallonge. Selon moi, on a même là ce que Travis Miller a fait de meilleur ! Complétement dans la voie tracée avec Oblivion Access, c’est à dire un truc entre horrorcore du Sud (à la $uicideboy$ ou Three 6 Mafia), trap et expérimentation bruitiste, mais sans voix up ou down-pitchées (comme sur ses sorties d’avant 2015), le flow du ricain est maintenant presque crié et son passé glitcho-metalleux avec Across nous pète tout d’un coup à la gueule ! On pense à Eyedea ou à ODB avec ce coté fou teinté de dépression, de désespoir, d’idéation suicidaire et de crise existentielle, on y pense fort aussi avec les instrumentations morbides, les samples inquiétants et les pistes instrumentales complétement dingues. Ce bedwetter s’écoute finalement comme un bad trip paranoïaque, il faut y être préparé, mais quel pied !

Souper Spout’

Soupe consciente : ElucidValley Of Grace

Après l’extraordinaire Save Yourself l’année dernière, voici encore un album attendu avec impatience et là aussi, on n’est pas là pour rigoler ! Valley of Grace EP est une suite logique à  Save Yourself et à l’œuvre d’Elucid : c’est sombre, industriel, social, politique, abstrait et beau. Minimal et inventif, dark et oppressant, puissant et ensorcelant, froid et urbain, Elucid navigue constamment sur le fil du rasoir avec d’un côté le chaos et de l’autre l’austérité d’un hip-hop intello. Oui mais voilà, avec la classe du New-Yorkais, on peut tout se permettre ! Elucid lâche donc une nouvelle pépite, peut-être sa plus jazzy et bizarrement aussi sa plus dissonante et passionnante, car Elucid est avant tout un avant-gardiste et définitivement le nouveau maitre à penser à hip-hop new-yorkais ! Self care is a revolutionary act !

Souper Spout’

Soupe du dimanche : zerohKuroST.BLQlordTESLA

2016 fut faste pour l’emcee et producteur californien, mais alors que le niveau de bizarrerie de zeroh a été en crescendo permanent tout au long de l’année dernière (les dingueries 0 Emissions 1, 2, 3, 4 et 5, Tinnitus et Holy Smoke, miam !), KuroST.BLQlordTESLA sonne comme une remise à zéro (jeu de mot !) des compteurs et l’EP est presque une respiration dans la discographie récente de l’angeleno. Fini la cacophonie jouissive, le bruit blanc et le lo-fi drogué, l’affaire s’écoute comme un album du dimanche soir, mais avec la juste dose de classe dont déborde zeroh qui vient d’inventer le smooth expérimental !

Souper Spout’

Soupe sélénite : V8 as Carlos ImperialOne Dog Night

Il nous avait manqué V8 ! Porté disparu en 2016, l’emcee chicagoan revient gonflé à bloc avec ce One Dog Night long format et archi-réussi. Comme toujours, il faut savoir entrer dans l’œuvre de V8, ici l’affaire navigue entre sorcellerie, phases lunaires (au sens astronomique du terme) et rues de Chicago. Le rappeur annonce même qu’il a numéroté les pistes du truc en fonction de son espérance de vie au moment où il grandissait dans la capitale de l’Illinois… Il est donc question de survie en milieu hostile, de sang et de larmes, mais avec la touche V8, c’est à dire ce flow psychotique et possédé qu’on adore. Nourri à grands coups de beats poisseux aux rayons desquels on trouve Morbidly-O-Beats, Noblonski, Kenny Segal ou K-The-I???, One Dog Night est peut-être même le meilleur album du rappeur (Sludge Factorie compris) et assurément une réussite de hip-hop abstrait malsain, déconstruit et novateur !

Souper Spout’

 

Menu de la semaine #2

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Toutes les semaines, un choix de 5 soupes toutes plus appétissantes les unes que les autres pour garder la forme sans sacrifier l’équilibre ! 

Potage de la 4éme dimension : Uncommon NasaMink Swimming Pools

L’année dernière, Uncommon Nasa avait laissé le micro à Short Fuze et leur Autonomy Music avait mis tout le monde d’accord. En 2017, le rappeur/producteur revient avec Mink Swimming Pools toujours dans des sonorités authentiques du New-York du début des années 2000, Antipop Consortium en tête mais avec un coté plus dynamiquement drum’n’bass façon Bigg Jus par moment ! Le résultat est délicatement rentre-dedans, expérimental et claquesque en même temps, teinté de Twilight Zone et de génie, d’ailleurs quand on voit des featurings avec Billy WoodsSkech185, BMS, ou Short Fuze, on est rarement déçu !

Souper Spout’

Soupe façon bouchère : Boxguts x 2Ugli x Veto Mega – Veto Mega Presents: Boxguts Vs 2Ugli

Boxguts commence l’année comme il avait fini la précédente, c’est à dire très très en forme ! Après 5 albums atomiques et indispensables en 2016 (Trippin Down Melody Lane avec Scvtter Brvin Blunt Forced Trauma avec Yokes, Fossil In The Brothel avec Ebbineeza, STD-Free Androida Hoe 2 avec Beatahoe et Hot Bref Boy Volume 4 : Ignorance Is Dis qui a juste été mon album de l’année !), le New-Yorkais revient  le flow en bandoulière avec 5 pistes de destruction massive ! Ici, Boxguts partage le micro avec 2Ugli et l’EP se transforme en ring hip-hop de rue ! Ça tabasse, ça n’y va pas avec le dos de la cuillère et ça fait du bien surtout que Veto Mega assure des productions aussi massives que les rimes des deux emcees ! Grand !

Souper Spout’

Soupe aux herbes du loup : The Koreatown Oddity & Vex Ruffin – Finna Be Past Tense

The Koreatown Oddity, on l’avait croisé l’année dernière sur l’excellent 5 Chuckles 2 avec Ras G. Mais là, le revoir en solo avec Finna Be Past Tense, j’ai cru revivre l’énorme 200 Tree Rings de 2014 avec sa folie, ses constructions typiquement DIY, ses grands écarts permanents et ses titres spatialement parfaits ! Ici épaulé par Vex Ruffin à la production, l’Angeleno peaufine encore son hip-hop brut et expérimental, toujours doré par une fine couche West Coast underground mais avec un coté politico-mystique qui colle bien à l’écurie Stones Throw. Immense pour qui sait dompter l’homme au masque de loup !

Souper Spout’

Porridge revisité : Paul WhiteEverything You’ve Forgotten

Paul White, ce blase ne vous dit peut-être rien et pourtant le producteur anglais est derrière l’excellent Hella Personal Film Festival d’Open Mike Eagle, derrière la moitié des titres du méchant Atrocity Exhibition de Danny Brown ou derrière Golden Rules avec Eric Biddines ! Rien que ça ! Là on retrouve Paul White en solo pour une beat-tape d’une seule piste de 30 minutes, ça, c’est pour la forme ! Pour le fond, Everything You’ve Forgotten est un voyage magique gavé de samples, de bouts de films, d’up et de down-pitchs, de technique et de folie ! Et la seule chose qu’on peut dire après avoir écouté ça, c’est qu’on n’avait jamais écouté un truc comme ça avant !

Souper Spout’

Soupe en trompe-l’oeil : ZoënLe Nouveau Mexique

One Night Between avait ouvert la voie, Dire Quelque Chose avait montré le chemin, Le Nouveau Mexique touche au but, car avec ce nouvel album, Zoën n’aura bientôt sa place dans nos menus de la semaine tellement le style qu’il a créé s’éloigne maintenant du hip-hop des débuts ! Je dis ça pour la blague car Le Nouveau Mexique est bel et bien excellent, un joli projet sur le voyage, l’exile, le départ plein de tendresse et de bonté et ça fait du bien ! Bien sûr le Tourangeau n’en finit pas d’ajouter de la pop à son alt-rap, mais il a fabriqué quelque chose qui n’est finalement plus ni l’un ni l’autre, une singularité, un paradoxe à la Yoni Wolf. Il dit se situer quelque part entre MC Solaar et Étienne Daho, mais le gars est passé au stade d’après, il a un style et Sirop à la fraise ou Partir un Peu en sont deux magnifiques preuves !

Souper Spout’

 

Menu de la semaine #1

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S pour Soupe : Vas & Ill ClintonV for Vigoda

C’est comme ça, le truc est sorti le 1er janvier 2017 et ce 1er janvier, j’avais déjà trouvé un de mes albums de l’année 2017 ! Vous allez me dire : « Oui, oui, mais il reste quand même 364 jours ! » et moi je vous répondrais : « Ouais, mais V for Vigoda, c’est un peu comme si un nouveau Tical venait de sortir avec Guy Fawkes et Alan Moore en guest ! », juste ça ! Vas en Method Man et Ill Clinton en RZA ! La filiation est bien là, concernant le beatmaking, on savait le gars d’US Natives doué (Skywalken III et Juniper EP l’année dernière, wahou !), mais là il n’est pas loin du sommet de son art. Des intrus sombres ou bondissantes, théâtrales ou martiales, riches d’une intensité époustouflante, déjà rien qu’avec ça on pourrait être comblé ! Cerise sur le gâteau, il y a le flow de Vas en clone Method Man, un flow unique, un peu ragga, très technique, athlétique et lourd en même temps, bourré de gimmicks barrés, le tout servi avec la voix grave et éraillée de l’emcee. Une voix qui s’est assurément teintée à trop tirer sur les sticks, les bangs et les battles… Un album de rue avec sa dose de crasse mais aussi sa dose de grâce et donc déjà un monument de l’année !

Souper Spout’

Soupe verte courgette poireau : Homage (CVG)Gamma

Encore un pitch d’album basé sur de la BD et encore un putain de chouette album ! Ici, c’est au tour du Dr Robert Bruce Banner et de son alter-ego Hulk, et pour compliquer un peu l’affaire, le beatmaker Homage (CVG) a invité 9 emcees et a tronçonné l’histoire en autant de saynètes boom-bap. Le résultat est frais, jazzy, funky et gavé de groove et d’excellents rappeurs, mais en tendant un peu l’oreille, on se rend compte que le travail du producteur de Cincinnati est tout sauf linéaire ! Avec son énorme palette de samples et son style proche d’un RZA festif à un Madlib froid, Homage (CVG) adoucit les angles ou les rend plus saillants suivant l’emcee(e) qu’il a invité, l’affaire est cool et pointue ! Grand !

Souper Spout’

Soupe Madlibo-ElPienne : AverInstrumentals. 3

Aver et son crew mancunien The Natural Curriculum nous ont balancé deux bombinettes l’année dernière, d’abord And Now For Something Exactly The Same… puis The Best Fertiliser Is The Gardener’s Shadow, deux trucs où la classe folle des rappeurs sautaient aux oreilles, mais où surtout le travail d’Aver nous pétait à la gueule ! Quelque chose à la Company Flow accéléré et anglais, je ne sais pas trop pourquoi, peut-être parce que le style du beatmaker est expérimental, mystérieux mais simple, dynamique et limpide… Et là avec Instrumentals. 3, Aver nous la fait en solo avec la bonne dose de beats poussiéreux et d’échantillonnages obscurs pour le bidouillage ou lumineux version style Madlib et Shades Of Blue pour le jazz. Au final on a entre les mains la meilleure beat-tape de ce début d’année ! Y’a même des chances pour qu’elle reste en haut un moment ! Gros haut à lui !

Souper Spout’

Potage au tympan : 90 (noventa)Mysophobe

A l’époque où La Soupe de Son était une radio, Putain de Pauvres et Hors d’Oeuvre tournaient en boucle, c’était bien… Depuis la radio s’est tue, mais 90 (noventa) n’a toujours pas fermé sa grande gueule ! De La Haine Et Des Courgettes l’année dernière, Increvable celle d’avant et Mysophobe maintenant, le lyonnais tabasse toujours autant et tape là où ça fait mal à grand coup de flow cathartique, décadent, nihiliste, tour à tour révolté ou désabusé. Ici et comme toujours, 90 (noventa) vide ses tripes industriellement, mais à la différence d’autres LPs, l’emcee y va peut-être encore plus personnellement. Bien sûr Mysophobe sonne comme un brûlot, mais deux/trois pistes sentent bon l’apaisement, J7 et surtout l’excellent On ne Craint Plus Rien en tête. Au final, l’album en devient peut-être le plus singulier du gars et moi j’en redemande !

Souper Spout’

Bouillabaisse sauce samouraï : Tha God Fahim – Tha Dark Shogunn Saga Vol. 2

Après un énorme Soul Eater en 2016 et un premier essai de Tha Dark Shogunn Saga, le rappeur d’Atlanta revient encore une fois gonflé à bloc avec une petite tuerie d’album aux ambiances minimales, sombres et sobres où même les petites ritournelles deviennent martiales ou sonnent comme des westerns samouraï. Coté production, c’est la classe internationale, quand on voit écrit Denmark VesseyKnxwledge ou Giallo Point, ça doit maintenant suffire pour cliquer sur play, les boucles se répètent à l’infini avec grâce et asiatisme lo-fi bien thug et on se régale, surtout que comme d’hab’ le flow hargneux de Tha God Fahim occupe tout l’espace !

Souper Spout’

2016 : EPs hip-hop et soupes dans le genre

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12. Tha God Fahim – Soul Eater

L’emcee d’Atlanta revient gonflé à bloc avec une petite tuerie d’EP aux ambiances minimales et sombres où même les petites ritournelles deviennent inquiétantes. Coté production, c’est la classe internationale, les boucles se répètent à l’infini, on pense à Ichiban Hashface (encore lui !) et on se régale, surtout que le flow hargneux de Tha God Fahim occupe tout l’espace !

 

11. The Purist & WestSide Gunn – Roses Are Red… So Is Blood

Cette année, impossible de passer à côté de Westside Gunn, de son Flygod et de ses nombreux projets en binôme avec Conway ou ici avec Tha Purist ! Pourquoi parler de cet EP ? Parce que Tha Purist est un bon, que je ne me suis toujours pas remis de Pyrex Scholar, de plus je trouve que c’est le seul producteur qui arrive à apaiser la voix de gamin criard de Westside Gunn !

 

10. OptimisGFN – The Fresh Prince of Berlin

OptimisGFN nous livre une nouvelle claque imparable ! Quelque chose proche de l’abstract californien, avec un je-ne-sais-quoi de Knxwledge sous amphétamine, un truc solaire et contemplatif mais aussi quelque chose de profondément berlinois et expérimental fait d’EDM de la cave et d’électro-chip répétitif, au final l’album est presque calibré pour le clubbing ! Un truc d’une limpidité complexe et torturée devant laquelle on se prosterne !

 

9. Ill Move Sporadic & Tenchoo – Panic Room 9

Pas de secret : la bonne vielle formule héritée des années 90 à base de beats lancinants et de flows virevoltants fonctionne toujours. Rajoutez à ça le petit accent anglais qui va bien, des refrains accompagnés de chœurs scandés et la lourdeur urbaine : on y est !

 

8. 7 Arm’d Labyrinth – Amaterasuz Orphan EP

Grosse découverte macabre et chargée que 7’Rinth (écoutez Medecine Cabaret  !) et tous les gars qui gravitent autour de lui : Anubis Dohji, Menes The Pharaoh, Sea/Swordz, Sorcery Orchestra (dont on parlera plus bas et dont on parlait là) ! DIY, ultra-lo-fi, drogue, ambiances anxiogènes, flows de dingues, boom-bap des bas-fonds et productions trippantes, voilà pour le programme !

 

7. Blueprint & Aesop Rock – Vigilante Genesis

Productions industrielles, gritty et finalement très Def Jux mais version 2016, le tout sur fond de super-héros et de graffiti, narration parfaite et captivante, Blueprint élève encore son flow depuis Respect The Architect et King No Crown  ! Une suite, vite !

 

6. Willie Evans Jr. – The Crush

Willie Evans Jr. a un truc dans le flow qui fait penser à MF Doom, c’est indéniable et si on rajoute à ça des productions extraordinaires, on a The Crush et c’est la régalade… Le Floridien a frappé fort avec cet EP et sa beat-tape toute fraîche confirme tout le bien que je pensais de lui : un souci de la mélodie et un goût pour l’expérimentation !

 

5. Cryptic One – The World According To…

Le gars Cryptic One fait dans le hip-hop depuis les années 2000 seul ou avec son crew Atoms Fam, ici c’est solo que le producteur/emcee new-yorkais nous livre cet excellent The World According To… Le résultat est simple et court, mais lumineux et singulier, le gars a purifié son hip-hop de tout le superflu pour ne garder que les tripes boom-bap intelligentes, un truc fait d’une conscience politique de vétéran du rap jeu allant des brutalités policières à Trump en passant par le contrôle des armes à feu. Fulgurant et gorgé de classe !

 

4. Ichiban Hashface – Raw Fish EP et Moonshine Dojo

Depuis The Swordsman (qui était juste mon album de l’année en 2014 et qui a malheureusement disparu de Bandcamp), la passion que nous avons ici pour Ichiban Hashface n’est plus un secret. Ses titres lancinants et hypnotiques, ses beats et son flow monotone, froid, presque inarrêtable sont des expériences à vivre, ce dernier Raw Fish EP et Moonshine Dojo ne dérogent pas à la règle ! Ils sont grands, plus dans un sillon jazzy, moins dans le DIY radical, mais toujours aussi grands !

 

 

3. Ostrich Breath – Nightmare on Immortal Elves Weed

Attention, reculez, vous allez vous prendre dans la face une bonne grosse claque de hip-hop glauque, embrumé, glacial et accessoirement foutrement bien foutu ! Kurt Travis et Sorcery Orchestra (dont on parlait là et ça n’est pas fini) sont Ostrich Breath et ils assurent le cachou à grands coups d’ambiances lourdes et malsaines ! Labyrinthique, flippant, malsain, la régalade !

 

2. Genghis Khan – Friday Night Fright

Le Red Lotus Klan, on vous avez dit que c’était du feu cette année et on en reparlera ailleurs mais revenons à notre sujet : Genghis Khan et Scvtter Brvin ! Les deux anciens Masters of The Universe ont commis cet EP court, mais monstrueux, martial et grandiose en forme de suite logique au Night Gallery de 2011. Quatre titres, rien de plus, mais quatre grands titres et surtout une ambiance globale horrifique et expérimentale assez dingue, une sorte de petit  Dr. Octagon avec un Kool Keith macabre et hanté.

 

1. Holy Smoke – S/T

Entre hyper-activité et rien, les parcours des deux puits de créativité que sont Zeroh et Jeremiah Jae se ressemblent et sont finalement anti-symétriques l’un par rapport à l’autre. Quand l’un dort, l’autre grouille de partout ! De 2013 à 2015, Jeremiah Jae avait sorti une dizaine de projets tous plus bonnards les uns que les autres et Zeroh quasi-zéro… Cette année, c’est le contraire avec les énormes O Emissions de l’un (dont on reparlera) et quasi-rien pour l’autre (mais tout est relatif, car on en reparlera ailleurs). Alors voir les deux du Black Jungle Squad sous le même blase dHoly Smoke, mes yeux ont pleuré ! Les deux ensemble, c’est de la pure bonne fois 2, ils nous font voyager bien bien haut à travers les méandres de deux cerveaux génies du hip-hop moderne. La recette est connue mais toujours bigrement efficace, flow monocorde, samples kaléidoscopiques, bricolages lo-fi, hypnose hip-hop, expérimentation et perfection ! IMMENSE !

 

2016 : rap français et autres soupes dans le genre

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12. Maodea – Anagrams

Avec Anagrams (mais aussi avec le vagabond et excellent Vg+ ), le beatmaker nantais Maodea nous offre un petit recueil d’ambiances délicates et texturées fait d’abstract atmosphérique et onirique. En gros, si tu comptes finir l’année (ou en commencer une nouvelle) en chillant pépère au coin du feu, voilà ton partenaire indispensable !

11. Masque d’Humanité – s/t

Bub Le Zombie, Marcel Polaire et PS à la production sont suisses et avec Journée Standard, je vais finir par penser que c’est par là-bas qu’on pond le meilleur rap francophone actuellement ! Masques d’Humanité, c’est 12 morceaux comme autant de masques différents aux ambiances hyper-variées. Du smooth aux trucs plus hybrides électro ou anxiogènes, les productions sont hyper-classes et les flows par dessus collent nickel aux atmosphères de chaque titre !

10. Monsieur Saï – L’Histoire des Hommes

Dans le sillon de Première Volte Digitale  et de La Guerre ne Fait que Continuer, Monsieur Saï, le Maestro (sans les antennes) de la Sarthe, nous refait un Il était une fois… l’Homme, un épisode de vulgarisation pessimiste de 30 minutes sur une seule piste, un exercice casse-gueule, mais ici c’est archi-réussi. On remet une bûche dans la cheminée et on écoute le gars nous parler de l’homme et de l’absurdité de son évolution faite de meurtre et de manipulation de masse.

9. Alaclair Ensemble – Les Frères Cueilleurs

Longtemps que je n’avais pas kiffé un album du cultissime crew bas-canadien comme ce Les Frères Cueilleurs. D’ailleurs, je ne dirai plus que c’était mieux avant car c’est excellent maintenant et ce truc est même sûrement ce qu’ils ont fait de meilleur ! Bien bien moins dans l’électro-dégueulasse, plus froid, plus verbal, plus dense, moins dans l’excès sonore même si on sent que le truc pourrait déborder parfois, plus dans le verbe et même si je ne pipe pas trois mots au bazar, Alaclair Ensemble arrive à rendre le « français » assez carré et bondissant pour qu’on n’ait plus rien à envier au flow ricain…

8. J.Keuz – Acceptions

J.Keuz, c’est un rap pas toujours facile d’accès, une tendance à briser les codes du « bien écrit » rappologique tout en affirmant une parfaite maîtrise et des textes qui n’hésitent pas à aller piquer là où ça démange. Acceptions est un premier EP solo servi par un beatmaking luxueux qui sert parfaitement son écriture dense et groovy.

7. Monsieur 6000 & Dakota – Forever Lost

Ces deux là se sont bien trouvés ! Le flow de Monsieur 6000 tire vers quelque chose à la Casey avec la vitesse en moins et le spleen en plus, un truc spoken sword poétique parlé-chanté finalement très alt-rap dans la forme où Dakota place avec une classe folle des beats mouvants et des boucles à tiroirs très alt-rap eux aussi. Forever Lost est un album ambitieux et assez symbiotique entre un emcee qui cale des mots d’une réelle beauté et un beatmaker qui cherche la mélancolie onirique sans en faire des caisses !

6. M.o.I (Moi ou Il) & Phalo Pantoja – Vitriol

A des années-lumière du rap français actuel qu’on adore détester, Bruno M.o.I au micro et Seb Phalo Pantoja à la production (on reparlera de son Merciless Beauty avec le ricain Eastkoast) distillent un hip-hop old-school ouvertement Golden Age, un travail pointu et foutrement réussi, un truc qui claque et qui fait bouger la tête, et puis les punchlines de vieux films, le kif !

5. L’Argent de la Drogue – PopMusic

L’Argent de la Drogue, c’est une série de paradoxes… Frais ou bien sale, foutraque ou alors construit, franc-maçon ou illuminati, expérimentation lo-fi, grosse trap ou beats soulful, années 80 ou 90, Perpignan ou le reste du monde, c’est le retour de l’ADLD crew et c’est aussi énorme que L’Amende Honorable  !

4. Le Sept – Amoco Cadiz

La légende hexagonale qu’est Le Sept n’avait rien sorti depuis 2008 et Le Jeu du Pendu avec Lartizan, alors autant dire qu’on attendait tous de pied ferme son retour. Amoco Cadiz est un 8 titres pas plus, mais un concentré de ce que le gars est capable de faire avec son verbe et son flow rugueux et incisif porté ici par des productions archi-bonnardes. Un album lourd, lent, noir et épais comme une nappe de pétrole !

3. Le Makizar – Schéma de Vie

Le Makizar s’est échappé du trio Kalhex, mais ses potes Lex et Parental ne sont pas loin ! Grand bien lui en a pris, car au final, ce premier album solo est une merveille, un truc solaire à la MC Solaar (jeu de mots !), bien cool, jazzy et moderne en même temps, avec des beats à la sauce 90s bien sûr mais revisitée et une belle cohérence musicale et textuelle. Car oui, Le Makizar pratique l’art de la rime intelligente et positive, ce qui fait du bien. Schéma de Vie est un album qui lave l’âme et les oreilles et moi, je n’en demande pas plus à la musique.

2. Dezordr Records & Team Plyers – Du Boucan sur les Braises (Dezordr Session 009)

Vous cherchez toujours les bienfaits de la loi El Khomri, et bien plus la peine de chercher, il n’y en a qu’un seul, c’est cet énorme album ! Né dans la rue et d’un regain général de conscience politique, ce projet associant les gars de Dezordr Records et des Team Plyers est une merveille de flows rageurs, intelligents et philanthropes. Y’a du beau monde sur ce projet (la liste serait trop longue) et sûrement ce que le rap français fait de mieux actuellement surtout que là, le truc est porté par des productions noires, frontales et elles aussi hyper-qualitatives. Du Boucan sur les Braises porte l’espoir d’un monde qui pourrait changer si on se bougeait un peu les fesses et résultat, les 18 pistes sont juste purement piloérectiles à souhait !

1. DLGHT – Avec Plaisir

DLGHT est parisien et il livre là une fascinante immersion dans le beatmaking actuel fait de chill-out jazzy et d’ambiances éthérées de très haute volée avec ici (et c’est son charme) des relents des années 90 en version française. On croisera MC Solaar (encore lui !), Busta Flex, la Fonky Family, Oxmo Puccino, Kery James, Doc Gynéco, des bouts de C’est Arrivé Près de Chez Vous ou de La Haine , tous ces sons sont transformés, comme patinés par le temps, down-pitchés pour certains comme s’ils devenaient des traces d’un passé vénéré, des murmures de notre Golden Age à nous, des échos presque historiques qu’on entend au loin… Deux décennies d’écart entre les deux, le gap est saisissant et c’est ce qui fait la magie d’un album qui est selon moi le meilleur truc français de l’année !

2016 : beat-tapes, instrumentaux et soupes dans le genre

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12. Dday One – Gathered Between
Échantillonnage complexe mais linéaire, fin mais qui accroche comme une ventouse à un évier, gavé de loops jazzy et de trouvailles chronométrées, le Californien fait spectralement penser à DJ Shadow ou Pete Rock, rien que ça, et on s’en régale en vrai !

11. 13th Grave – Pvssenger
Les vampires sont lâchés ! 13th Grave fait semblant d’être roumain, il ne l’est pas, il gravite autour de Mathias Kruse et sa clique (si tu n’as toujours pas écouté  Eustress / Wormhole  avec Brenky, tu te dépêches ou alors tu attends parce qu’on en reparlera !), il pratique le hip-hop instrumental et Pvssenger est une expérience entre rêve et cauchemar, toujours sur la lame du rasoir : jazz-hop, non, classic-hop, non, romantic-hop, ça pourrait coller et puis je ne sais pas mais c’est très bien comme ça !

10. The Fawbak Experiment – Third Space EP
Énorme claque de « pur » free jazz abstrait aux saveurs hip-hop discrètes : bien sûr quelques odeurs de boom-bap ou de downtempo sont là pour aiguiser l’oreille grâce au travail génial et délicat de Fawbak et Medline à la production du truc, mais le plus passionnant est ailleurs ! La magie opère par le coté immersif et cosmique des compositions faites main et construites comme on enfile des perles de lumière !

9. 10th Letter – The Revenge
On a kiffé sa relecture sonore dEscape from New York, mais là, 10th Letter franchit un cap ! The Revenge est tout bonnement fascinant ! Le producteur d’Altanta claque 11 pistes à tiroirs d’une densité sonore incroyable, tout est fin, délicat, réfléchi, les ambiances texturées à l’excès nous ouvrent des portes vers le méditatif (plus que le psychédélique) et le rendu global est complexe, quasi-extraordinaire (au sens étymologique du terme). Il faudra arrêter un jour de parler de beatmaker (et moi le premier…) pour des gars comme 10th Letter tellement leur art va au-delà de la création de beats (ce que je respecte grandement), 10th Letter compose des symphonies modernes !

8. Ichiban Hashface – House of Human Vol.3
Si vous ne le savez pas encore, La Soupe de Son voue un culte à Ichiban Hashface et le gars du Nebraska nous le rend bien à chaque fois, car après les deux chefs d’œuvre que sont  Moonshine Dojo  et  Raw Fish EP (dont on reparlera ailleurs), le beatmaker/emcee a lâché le petit frère de  House of Hunan Vol.2  ! Plus smooth, peut-être plus jazzy (mais tout est relatif quand on connaît l’œuvre du bonhomme), peut-être moins DIY radical (et donc dans la continuité de Raw Fish EP ), ce volume 3 instrumental s’avale comme une tisane à la weed bien sucrée, un truc plein de mélancolie et de goût et c’est encore une pépite signée Ichiban Hashface !

7. Tomppabeats – Harbor LP
Souvent quand on voit 39 titres, on prend peur, mais ici on est loin de l’album fleuve à rallonge bien chiant, les 39 vignettes extatiques ne dépassent pas la minute et magie sonore, elles s’enchaînent toutes parfaitement avec délicatesse et symbiose. Le beatmaker finlandais navigue avec élégance dans le lo-fi plein de rêverie et le smooth contemplatif, en gros tu mets ça un dimanche soir quand t’as pas envie d’aller taffer et t’as encore moins envie d’y aller, mais tu te le remets une autre fois, parce que c’est trop bon et même que tu te ferais bien Tyttö  après…

6. Ill Clinton – Skywalken III et Juniper EP
Ill Clinton et Us Natives Records sont des abonnés perpétuels d’IRM ! Skywalken III sonne comme une bande-son, un mélange cinématique et ici cinématographique de Star Wars version Tatooine avec un Christopher Walken en guest ; ça tombe bien, jetez un œil au clip de DRT ERTH ! Comme d’habitude, le beatmaker excelle dans les textures lo-fi et analogiques, le truc crépite et c’est parfait comme avec son Juniper . Une beat-tape trop courte (ou pas), mais parfaite, les ambiances se posent pleines de tension, suavement oppressives, lo-fi bien sûr, géniales à mon goût, le beat met du temps à démarrer, il se laisse attendre mais quand il arrive, on touche au sublime, l’hypnose est là, Ill Clinton est grand (comme d’hab’) !

 

5. Egadz – Bad Keys Drip
Grosse claque post-apocalyptique ! Erik Nava aka Egadz lâche là une petite merveille faite d’abstraction et d’énergie primale et surtout un truc archi-bonnard. Ici, une énorme batterie tabasse tout, envahit, tient toute la place, mais paradoxalement ajoute un côté organique et humain à un album qui lorgne pourtant beaucoup vers les sons synthétiques et vintage. Egadz a réussi ce tour de force et c’est bravo !

4. Jinsang – Solitude. et  Kona Park.
Solitude. est un petit joyau et Jinsang est assurément un des nouveaux beatmakers de l’année ! Il est bon, il pue la Californie rêvée et pratique l’art subtil de chopper des samples de dingo pile comme il faut ; vous allez vous régaler de ses nappes de piano, de cordes, de cuivres, de ses ambiances supra-cool comme c’est même pas possible, de ses beats alambiqués mais pas trop, de son je-ne-sais-quoi de The Avalanches (ouais quand même, on y revient !) ! Et Kona Park.  ? La même en couleur, supra-smooth, avec plus de guitares cool et un coté un poil plus linéaire sur les beats, mais Jinsang est le gars à suivre obligatoirement !

 

3. Undicii – Ore
Mélangeant l’ambient jazz cabalistique et l’abstract hip-hop avec des beats et des samples immersifs comme c’est pas permis, le résultat est archi-trippant pour un album paradoxalement double (comme sur la pochette). D’une première partie mélancolique et free-jazz avec sa dose de smooth complexe, Ore dévoile une seconde face plus paranoïaque et synthétique. L’engin est merveilleux et le résultat magique !

2. Sorcery Orchestra – The Fountain of Destruction
Après les énormes  Galaxy Cloak  et  Nightmare on Immortal Elves Weed (dont on reparlera ailleurs), Sorcery Orchestra claque un monumental château de cartes ultra-lo-fi ! Le beatmaker californien arrive à dompter la machine sur 14 pistes instrumentales aux mélodies tour à tour labyrinthiques, flippantes ou faussement jazzy ! Le résultat est immense, malsain, magistralement simple, ouvertement bizarre et narcotiquement parfait !

1. Dr. Conspiracy – Nuclear Mysticism
Amateurs de DJ Shadow (version Endtroducing… ), d’Edan ou de Jel, cette chose ricaine est pour vous. Le DJ d’Atlanta maîtrise le turntablism comme c’est pas permis, mais en version inquiétant et en y ajoutant une bonne grosse pointe de psychédélisme dedans. Ainsi, comme après une trop forte dose de psychotrope, le drum and bass de l’album joue le rôle de stimulant, le beat organique réveille, histoire de retomber ou de rester entre deux. La magie de l’album repose là, avoir la tête dans le fumée, mais les deux pieds au sol à gigoter…